La chapelle de Sainte Pétronille

Sainte Petronille se fête le 31 mai et au pardon de la Trinité. Vierge et martyre romaine, elle fut choisie au 8e siècle comme protectrice de la France par le pape Étienne II. Il remerciait ainsi Pépin le Bref (fils de Charles Martel et père de Charlemagne) d’avoir refoulé les Lombards qui menaçaient Rome, de l’Italie du Nord en 754, créant ainsi les états pontificaux. Patronne de la France, elle est la descendante de Titus Flavius Petro, grand-père de Vespasien. Elle est représentée avec la palme des martyres, souvent en compagnie de saint Pierre. Elle guérit les fièvres. Son sarcophage qui conserve ses restes se trouve à la basilique Saint-Pierre, près du tombeau du premier des apôtres. Elle est la fille spirituelle de saint Pierre, et c’est lui qui l’aurait baptisée. Chaque 31 mai, les Français de Rome, sont invités par l’ambassade de France auprès du Saint-Siège, à la basilique vaticane pour y assister à une messe en l’honneur de sainte Pétronille. Une magnifique piéta de marbre (la vierge portant son fils mort) réalisée par Michel-Ange, en 1499, pour la chapelle Sainte-Pétronille, constitue aujourd’hui l’une des œuvres les plus célèbres de la basilique Saint-Pierre. Tout modestement, un sculpteur anonyme a aussi taillé pour notre chapelle une pietà de granit qui se trouve maintenant à l’entrée ouest du cimetière de Ploudaniel.
Si notre sainte romaine est nationalement connue, qu’en est-il de notre humble sainte bretonne Perounel ? Au 16e siècle, face au succès des protestantismes (la réforme) les catholiques (la contre-réforme) réaffirment les pratiques du culte, notamment celui de la vierge et des saints. Face au risque de contagion de la nouvelle religion, Rome va systématiquement négliger le culte de nos saints locaux et les remplacer par ceux qu’elle a elle-même reconnus. Ainsi le saint patron fondateur de notre paroisse, saint Guinien, fut détrôné par saint Yves, il est vrai, né lui aussi en Bretagne mais canonisé par le Vatican en 1347.
Notre chapelle a été bâtie en 1588 sur un ancien oratoire que les premiers immigrés bretons avaient construit au 6e siècle à Lannoazoc ou Lan-Guenoc (Conogan), moine de Landevennec et 2e évêque de Quimper après Corentin. Ce lieu de culte se situait à côté d’une source abondante et près d’anciens habitats celtes puis galloromains que longeait la voie romaine Kerilien-Le Conquet. Cette route sera très fréquentée au moyen âge, menant les chrétiens de la cathédrale de Saint-Pol à la plus vieille abbaye de notre région, celle de saint Matthieu.
- Nos ancêtres vénéraient-ils une sainte ?
- Comment se prénommait-elle ?
- Était-elle la sœur de Saint Goulven ?

Si l’on en croit le nombre de statues dédiées aux saintes femmes dans notre chapelle (Anne et Marie, Apolline, Petronille, Philomène) pour le seul Saint Yves, nous pouvons imaginer l’importance du culte de notre sainte bretonne qu’il a fallu remplacer par 6 saintes et saints. La consonance de Perounel est trop ressemblante à Perronelle, variante de Pétronille avec Pernelle et Pérrine.
L ’abbé P. Loaec constate que dans la chapelle voisine de Loc Maze au Drennec, saint Goulven était en grande vénération et recevait, ainsi que sainte Petronille, d’importantes oboles de la part des pèlerins lors des pardons du 17e siècle.
Nous célébrons donc une sainte bretonne – que la tradition rattache à son frère saint Goulven – née vers le milieu du 6e siècle et qui serait morte de la fièvre. Nous ne savons donc pas grand-chose sur celle qui consacra ici sa vie à Dieu et à sa « bonne nouvelle » mais dont le souvenir a traversé les siècles pour réunir encore en ce lieu jamais abandonné des gens qui viennent y célébrer la foi de leurs pères.
Da feiz hon tadoù-kozh ni paotred breizh izel ni zalc’ho mat atao !